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Port des Monards
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Barzan
Historique
Le chenal et le port des Monards ont dû se former au Moyen Age, lors de la formation des marais par envasement de la rive de l'estuaire de la Gironde. Les Monards constituent un fief, mentionné en 1460, dépendant de la seigneurie de Saint-Seurin-d'uzet. Le moulin à eau figure dans les archives à partir du 16e siècle. A partir du 18e siècle, les Monards font partie intégrante de la seigneurie de Saint-Seurin-d'Uzet et ne sont plus mentionnés comme fief. Le port est mentionné par l'ingénieur Claude Masse sur une de ses cartes de la région, vers 1700. Il précise que "des petits bâtiments" (bateaux) entrent dans le chenal. Au 18e siècle, un pont permet déjà de franchir la rivière du Rambaud. En 1774, une tempête le détruit, entraînant la mort d'un cavalier qui voulait passer à gué. Le pont est reconstruit en 1781 aux frais des communes limitrophes.
Le chenal, tortueux, apparaît ensuite sur le plan cadastral de Barzan et sur ceux de Chenac et de Saint-Seurin-d'Uzet, établis au début des années 1830. A cette époque, le chenal serpente à l'est du hameau des Monards, contourne la future minoterie par le sud et vers l'est, puis oblique vers le sud et file vers l'estuaire à travers les marais côtiers ou "mattes". Des maisons, quelques magasins ou entrepôts et des appontements existent déjà au bord du chenal, du côté du hameau des Monards. En 1827, le sieur Fleury, constructeur de navires, est autorisé à établir son chantier sur la rive droite du chenal, vis-à-vis le moulin à eau.
En ce début du 19e siècle, la plupart des ports de la rive droite de l'estuaire de la Gironde font l'objet de toute l'attention de l'Etat et des autorités locales qui souhaitent les développer pour accroître le commerce. Le petit port des Monards fait partie de ce plan d'ensemble. En 1840, une pétition portée par des habitants, négociants, marins et constructeurs de navires de Barzan, Chenac, Saint-Seurin-d'Uzet, Arces, Cozes et Saujon, réclamant l'aménagement du port, reçoit l'approbation des Ponts et chaussées. En attendant les travaux, on dévase tant bien que mal le chenal à l'aide d'un bac-râteau (embarcation munie à sa poupe d'un panneau vertical raclant le fond du cours d'eau), et les quais sont rechargés en graviers et en cailloux.
En 1841 puis 1843, l'ingénieur ordinaire des Ponts et chaussées Lessore présente un plan d'amélioration du port et du chenal, complété par des plans de l'ingénieur Botton, et sous la supervisation de l'ingénieur en chef Alexandre Potel. Le projet consiste, comme pour les ports des environs, à redresser le chenal pour mieux en écouler l'eau et accueillir des bateaux plus grands et plus nombreux. La partie la plus à l'est du chenal sera abandonnée et remplacée par un embranchement rectiligne, au droit de la minoterie, le tout formant en plan un Y avec le bras alimenté par la rivière du Rambaud au nord-ouest. Ce bras et celui alimenté par la rivière de Chauvignac et passant sous la minoterie seront régularisés, approfondis et élargis. Les talus des nouvelles rives, sur lesquelles seront tracées des chaussées empierrées, seront soutenus par des perrés en pierre de Blaye (il est envisagé un temps d'utiliser de la pierre locale, extraite dans une carrière Chez-Jourdain, mais elle s'avère de qualité médiocre). Enfin, de nouveaux appontements en bois et de nouvelles bornes d'amarrage seront établis, et on envisage même la création d'un débarcadère pour bateau à vapeur, comme à Mortagne. Ce projet, d'un montant de 125000 francs, est approuvé par décision ministérielle le 26 août 1844 et mis en adjudication le 26 mars 1845. Chargé des travaux, l'entrepreneur Benoît Ferry, des Gonds, près de Saintes, livre le nouveau port le 25 septembre 1850 (seul le débarcadère n'est pas réalisé). La reconstruction du pont en 1853, financée par les communes des environs, complète le dispositif.
Ces travaux marquent un nouveau départ pour le port qui, au cours de la seconde moitié du 19e siècle, voit son activité se développer considérablement, dans le sillage de la nouvelle minoterie des Monards, reconstruite dans les années 1850. Des photographies et cartes postales de la fin du 19e siècle et du début du 20e montrent de nombreux bateaux et gabares à quai dans le chenal, déchargeant les blés et chargeant la farine. Cette prospérité est toutefois fragile, du fait tout d'abord de la concurrence des ports voisins mais aussi de la nécessité d'entretenir constamment le chenal. Celui-ci s'envase en effet rapidement, d'autant qu'aucune écluse de chasse n'existe encore au niveau du pont des Monards (contrairement à Mortagne ou Port-Maubert par exemple, on n'a pas construit une telle écluse aux Monards).
Dès 1853, la commune de Barzan réclame la création d'une telle écluse. En 1867, les propriétaires de la minoterie se plaignent du mauvais état du bras de chenal devant leur établissement. Des travaux de reconstuction du perré de la rive gauche de ce bras sont engagés en 1870, sur les plans de l'ingénieur Lasne. Un nouveau radier est établi au fond du chenal devant la minoterie. La pierre de taille employée provient de Crazannes, et les moellons de Blaye. Le plan des lieux établi en 1869 par l'ingénieur Lasne montre que de nouvelles maisons ont été construites sur la rive gauche du port, du côté du hameau (actuel restaurant), et que l'ancien lit du chenal à l'est de la minoterie subsiste sous la forme d'un plan d'eau retenu par une petite digue. Quant au pont, il est reconstruit en 1876.
La question de l'envasement du chenal ressurgit au début du 20e siècle, d'autant que l'activité du port continue à croître avec l'ouverture de la carrière du Pilou. En 1900, alors que le trafic annuel du port atteint les 5000 tonnes, un gril de carénage est construit au fond du chenal, devant le pont. En 1909, le syndicat des marais de Moque-Souris, situés en amont des Monards, de part et d'autre des rivières de Chauvignac et du Rambaud, demande l'établissement d'une écluse de chasse juste en aval du pont pour d'une part empêcher l'eau salée de l'estuaire de refluer dans les rivières et dans les marais, d'autre part créer une retenue d'eau et effectuer une chasse pour dévaser le port. Un projet est établi par les Ponts et chaussées mais il se heurte axu querelles entre le ministère de l'Agriculture, celui des Travaux publics et la commune de Barzan qui se renvoient la responsabilité (et le financement) de l'opération et de l'entretien de la future écluse. La société des Ciments français, qui exploite la carrière du Pilou voisine, a beau promettre de participer au financement, de nouveaux plans ont beau être présentés en avril 1913, la Grande guerre éclate avant que le projet ait pu voir le jour. En 1919, une partie de la digue qui protège la rive droite du chenal, en aval du port, est emportée par une tempête et doit être reconstruite. Du reste, à cette époque, l'estuaire a emporté une partie des "mattes" et arrive près de l'entrée du port.
Dans les années 1950, un terminal sablier est implanté aux Monards. Il reçoit les sables et les graviers acheminés par bateau, puis traités et expédiés pour alimenter les centrales à béton et les industriels du bâtiment des environs. Ce terminal, dont l'activité perdure de nos jours, a été utilisé pour alimenter les travaux de reconstruction de Royan. Pourtant, à la même époque, l'entretien du chenal et du port pose de nouveau problème. Menés à partir des années 1950 sur toute la façade atlantique, les Grands travaux des Marais de l'Ouest profitent heureusement aux Monards. En 1971, une écluse de chasse est enfin construite juste en amont du pont, sous la houlette du syndicat de Moque-Souris et de l'UNIMA (Union des Marais de Charente-Maritime). Les portes à flots sont fournies par l'entreprise de chantiers navals de René Durand, de Marans. Désormais géré par un syndicat mixte présidé par le maire de Barzan, le port est entretenu par cette chasse et par un dévaseur.
Malgré ces efforts, et durant toute la seconde moitié du 20e siècle, le port des Monards subit l'envasement de l'ensemble de la rive droite de l'estuaire de la Gironde. Les photos aériennes de l'IGN de 1949 montrent que l'eau arrivait encore à cette époque jusqu'aux premiers aménagements portuaires, frôlant, au sud-est, la route de Barabe à Saint-Seurin-d'Uzet, et approchant, à l'ouest, du hameau des Monards. La même prise de vue, en 1976, montre un envasement considérable et un recul de la ligne de côte : le port est désormais précédé d'un chenal rectiligne qui traverse les vases jusqu'à l'estuaire ; la carrière de sable a pu commencer ses activités sur la rive droite. Les vues aériennes actuelles indiquent que cette évolution s'est poursuivi, à rythme toutefois moindre. Il semble qu'un mouvement inverse se soit engagé ces dernières années, l'estuaire regagnant du terrain sur les vases.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 2e quart 19e siècle, 3e quart 19e siècle, 3e quart 20e siècle |
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Description
Le port des Monards s'étend sur la commune de Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet pour sa rive gauche, sur celle de Barzan pour sa rive droite. Le syndicat intercommunal qui est chargé de sa gestion siège à la mairie de Barzan.
Le port est constitué de deux bras, l'un, à l'ouest, issu de la rivière du Rambaud, l'autre, à l'est, issu de la rivière de Chauvignac. Formant une presqu'île triangulaire, les deux se rejoignent en un seul chenal qui se jette ensuite dans l'estuaire de la Gironde après avoir recueilli plusieurs ruissellements. Soumis à la marée, les deux bras du port sont bordés de quais, d'appontements en bois ou (plus récents) en aluminium, et de bornes d'amarrage. Le port propose au total 80 emplacements plaisanciers, avec un ponton d'accueil et deux cales de mise à l'eau.
Avant de se jeter dans le bras est, la rivière de Chauvignac passe sous la route D145 puis à travers l'ancien moulin à eau puis minoterie des Monards. La rivière du Rambaud aboutit au bras ouest du port en passant à travers une écluse de chasse puis sous un pont qui assure le passage de la route D145.
L'écluse de chasse est ouverte à marée basse de façon à ce que l'eau de la rivière se déverse dans le bras du port, et à assurer ainsi sont dévasement régulier. L'écluse est enlacée par des digues qui la relient au pont puis aux quais du port, de manière à empêcher l'inondation par les eaux de l'estuaire.
Détail de la description
Toits |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17045436 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2012 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Port des Monards, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/ab23a412-3d7b-4c2f-87b8-6d2b578f6d2f |
Titre courant |
Port des Monards |
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Dénomination |
port |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Barzan
Milieu d'implantation: en écart
Lieu-dit/quartier: les Monards
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet
Milieu d'implantation: en écart
Lieu-dit/quartier: les Monards